Approche matérielle de l’armure : nature, choix des matériaux et gestes techniques.
Résumé
A la fin du Moyen Âge l‘armure est un objet à la fois de grande consommation et d’usage courant mais également un produit de luxe. Sa fabrication, dominée par différents centres européens de grande renommée, comme les villes de Milan et Nuremberg, requiert des savoir-faire spécifiques afin de mettre en forme le métal. Par conséquent l’étude de la fabrication et du commerce des armures peut fournir un exemple de choix pour comprendre les échanges européens d’un matériel de guerre parfois à forte valeur ajoutée, ainsi que des techniques et des savoir-faire anciens. Afin d’étudier ces différentes questions un corpus composé de plus d’une centaine de pièces a été constitué. Certains éléments sont issus d’une même armure, tandis que d’autres se rapportent à un même centre de fabrication voire à un même atelier identifié par les marques des armuriers apposées sur les pièces. C’est notamment le cas de Valentin Siebenbürger, armurier nurembergeois du XVIe s. Les prélèvements effectués ont été étudiés selon les modes opératoires développés au NIMBE/LAPA (métallographie, analyses MEB-EDS et LA-ICP-MS). Les résultats ont permis de déterminer la nature ainsi que la qualité des alliages ferreux employés mais également de discuter de l’origine géographique du métal ainsi que du procédé de réduction utilisé pour le produire. L’ensemble des informations acquises offre ainsi la possibilité d’étudier les pratiques d’atelier mises en oeuvre par les armuriers que ce soit pour la fabrication d’une armure complète, ou pour des pièces de qualité proche issues d’un même atelier.